Ancienne statuette anthropomorphe de jumelle Ere Ibeji à scarifications sur le visage et belle patine d’usage à effet laqué, aux yeux cloutés et dotée d’une imposante coiffe travaillée sur l’arrière. Des bracelets aux perles de verre colorés et de métal ornent chaque membre. Comme le veut la tradition, on a pris grand soin de cette statuette qui montre d’importantes traces d’usage sur le visage. De nombreuses scarifications de chaque côté de ce dernier attestent d’un rang social élevé. Outre la magnifique patine, les formes très cubistes confèrent à cette œuvre un aspect brut dont se dégage une grande beauté…
Sujet autrefois à de nombreuses superstitions et actes d’infanticide, les jumeaux en pays YORUBA sont beaucoup plus fréquents que dans le reste du monde et ils sont désormais considérés de nos jours comme une bénédiction, susceptible d’apporter le bonheur et la chance à leur famille.
La perte de l’un d’entre eux est perçue comme une malédiction à laquelle il faut répondre par l’activité rituelle en sculptant le jumeau défunt afin de calmer son esprit et ainsi rétablir l’équilibre.
Après consultation de la famille endeuillée, le sorcier Ifa mandate un sculpteur en charge de créer la statuette Ere Ibeji qui sera honorée avant d’être remise à la famille. Cette dernière devra par la suite la traiter de nouveau comme un nouvel enfant et lui prodiguer des soins spéciaux…
Le jumeau sculpté faisant l’objet du culte sera en effet nourri, vêtu, soigné, lavé et décoré de perles, symbole de richesse et de reconnaissance à l’esprit calmé. Après avoir été lavé, il est très fréquent que le jumeau soit enduit de campowder (pigment ocre naturel), de pate d’igname ou encore de pate de maïs mélangée à du beurre de karité, huile de palme ou arachide. Comme ici, il arrive que les yeux soient également percés de clous blanc afin que la statuette reste éternellement éveillée… Des chants et des prières seront enfin célébrés en mémoire du (de la) défunt(e) afin de célébrer son esprit.
Cette sculpture stylisée, de type Igbomina, aux bras anguleux et à la coiffe tripartite proéminente a très probablement fait l’objet d’un culte prolongé au regard de la patine d’usage très prononcée sur le visage. Cette dernière atteste comme les concrétions de pate présentes sur l’ensemble du corps des multiples soins qui lui furent prodigués.
Les Yorubas sont l’une des plus anciennes tribus d’Afrique Subsaharienne et étaient à l’origine divisés en plusieurs royaumes tous dépendants de la cité sacrée d’Ife. Cette ville mythologique, considérée par ses derniers comme le centre du monde, a été fondée selon la légende par le dieu « Oduduwa » qui fut le premier roi garant de l’équilibre et du contrôle des royaumes Yoruba. La royauté était alors partagée entre 4 familles qui se transmettaient le titre en fonction de leurs descendances.
Œuvre accompagnée du certificat d’authenticité de la galerie.
